

Lee Edelman, Guy Le Gaufey (Traduction), David Halperin (Préface)
EPEL 2013 / ISBN n°978-2-35427-028-5 / 356 p. / 30,00 €.

Candidat à l’intégration sociale, l’homosexuel est devenu une figure du possible, un personnage respectueux et respectable, un citoyen normal. Lee Edelman fait bien plutôt valoir que, paria politique et social, emblème du gaspillage, de la non-productivité et du non-sens, l’homosexuel est nécessairement et fatalement impossible.
En présentifiant ainsi et pour tous l’impossibilité comme telle, il subvertit le privilège jusque-là réservé à l’hétérosexualité de s’ignorer elle-même.
L’œuvre d’Edelman a suscité la colère d’une droite homophobe tout autant que celle d’une gauche bien-pensante.
Lee Edelman est l’un des fondateurs de la théorie queer. Avec Gayle Rubin, Monique Wittig, D. A. Miller, Eve Kosofsky Sedgwick, Judith Butler, Teresa de Lauretis, Leo Bersani et Michæl Warner, il fait partie du petit groupe de critiques qui ont donné à la pratique des études gaies et lesbiennes son dynamisme théorique.
Sommaire
Préface, par David Halperin
Homographèse : identité corporelle et différence sexuelle
Voir des choses : la représentation, la scène de surveillance et le spectacle du sexe gai
Le bien pisser : Freud, Hitchkock et le pénis en miction
L'épistémologie des W.C.
La partie pour le t(r)ou : Baldwin, l'homophobie et la fantasmatique de la "race"
Le miroir et l'auto-mitrailleuse : sida, subjectivité et rhétorique de l'activisme
Le futur est un truc de gosse
Contre la survie : Hamlet et la blessure du nom
Maud Gleason, Nadine Picard (Traduction), Sandra Boehringer (Traduction), Florence Dupont (Postface)
EPEL 2013 / ISBN n°978-2-35427-027-8 / 328 p. / 40,00€.

Comment influencer et séduire un public ? Comment emporter l’adhésion des foules, conclure un discours sous un tonnerre d’applaudissements ? En Grèce et à Rome, on s’exerce aux techniques de la rhétorique et aux subtilités de la langue, mais ce n’est qu’un aspect des exigences de l’art oratoire : pour convaincre, émouvoir, charmer, il faut un corps et, surtout, il faut une voix.
Une voix profonde et masculine ? Pas forcément. Maud Gleason nous guide dans les assemblées, les tribunaux, les places publiques où officient les orateurs sophistes du monde gréco-romain. On y croise les stars de l’époque : Favorinus, à la voix chantante et à l’élégance féminine, fait vibrer aussi bien les hommes que les femmes ; Polémon, homme politique et déclamateur à la virilité affichée, « lit les visages » grâce à ses talents de physiognomoniste et débusque les efféminés qui s’ignorent comme ceux qui s’avancent masqués.
Mascarades masculines dresse une cartographie des systèmes de genre à la fin de la République et sous l’Empire : point d’identité de sexe naturelle, mais des corps et des voix construits, travaillés, formés, qui révèlent des logiques érotiques et sexuées fort différentes des nôtres.
Maud Gleason est professeur à l’Université de Stanford, où elle dirige le département des études classiques. Ses recherches portent sur les Grecs et leur culture dans l’Empire romain. Elle est l'auteur d'études portant sur la question du corps chez Galien et Jérôme, et a publié des nombreux travaux sur les questions de genre, de religion, d’identité et de mise en scène de soi.
Maud W. Gleason, Making Men: Sophists and Self-Presentation in Ancient Rome. Princeton: Princeton University Press. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sandra Boehringer et Nadine Picard.
Leo Bersani (traduit par Christian Marouby, Dimitri Kijek et Guy Le Gaufey)
EPEL 2011 / ISBN n°978-2-35427- / 230 p. / 25,00€.

Le sexe peut-il nous rendre heureux ? Posée par Freud dans Malaise dans la civilisation, cette question fut au départ des réflexions de Leo Bersani sur la sexualité, la psychanalyse et l'art.
Dans ses travaux antérieurs (Baudelaire et Freud, Théorie et violence), Leo Bersani soulignait, après Freud et Lacan, l'affinité de la sexualité avec l'agressivité et la pulsion de mort plutôt qu'avec le bonheur. Il précise ici sa résistance à ce qu’il a critiqué, dans la théorie queer, comme la foi en un bonheur sexuel enfin libéré des impératifs de la normativité hétérosexuelle et (mariage gai aidant) homosexuelle.
Par son appel à de « nouveaux modes relationnels », Foucault a suscité chez Leo Bersani un nouveau point de départ, qu’oriente une subjectivité en correspondance sensuelle avec le monde : non plus le désir, mais le plaisir de tracer des mouvements, psychiques aussi bien que physiques.
Ce sont là les formalisations d'un sujet esthétique et, partant, d'une nouvelle éthique.
Gayle Rubin
EPEL 2011 / ISBN n°978235427015 / 484 p. / 28 euros.
Textes rassemblés et édités par Rostom Mesli, traduits de l'anglais (États-Unis) par Rostom Mesli, Flora Bolter, Christophe Broqua et Nicole-Claude Mathieu.
Publié avec le concours du Centre National du Livre.

Chérir, plutôt qu’éradiquer la diversité des pratiques sexuelles, tel est le programme d’une théorie politique radicale de la sexualité selon Gayle Rubin.
Sa mise en œuvre s’est heurtée à la volonté permanente d’imposer une bonne sexualité : hétérosexuelle, monogame, conjugale, gratuite, intra-générationnelle, génitale, à deux, procréative, sans sex toys ni usage de pornographie. Gayle Rubin, féministe et lesbienne radicale, est ainsi devenue la cible de la droite étatsunienne comme de pans entiers des mouvements féministes et lesbiens.
Écrivant sous forme d'articles clairs et décisifs, elle a ouvert la voie au développement d’outils d’analyse spécifiques pour comprendre les oppressions matérielles et symboliques subies par les hors-la-loi du sexe, et a contribué à la fondation de la théorie et de la politique queer.
Les réflexions de Michel Foucault sur l’éthique du sado-masochisme masculin se trouvent ici éclairées par celle qu’il appelle « notre amie Gayle Rubin ».
Première anthropologue féministe à avoir employé le mot gender dans une publication, récemment admise dans l’honorable liste des cent et un universitaires les plus dangereux aux États-Unis, Gayle Rubin enseigne aujourd’hui l’anthropologie et les Women’s studies à l’Université du Michigan.
Khaled El-Rouayheb
EPEL 2010 / ISBN n°978-2-35427- / 220 p. / 29 euros.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Dimitri Kijek

« On savait depuis des siècles que l’homosexualité masculine était honorée ou pratiquée dans la culture arabo-islamique. Des voyageurs occidentaux l’avaient évoquée, des romans ou des études l’ont parfois décrite ou y ont fait allusion, mais il n’y avait jamais eu jusqu’alors de recherche approfondie ou systématique sur le sujet. Par ce travail qui réunit un grand nombre de données issues de textes poétiques, théologiques, coraniques, historiques, juridiques et littéraires, Khaled El-Rouayheb comble une importante lacune de notre savoir sur l’érotisme masculin dans le monde arabo-islamique à l’aube de notre modernité ».
DAVID M. HALPERIN - Auteur de Cent ans d’homosexualité.
« Le livre de Khaled El-Rouayheb est un très utile correctif aux interprétations de ceux qui ont ignoré, mal compris ou dénaturé les rapports de l’Islam prémoderne à l’homoérotisme. C’est de plus une contribution bienvenue à l’étude d’une période de l’histoire de la littérature arabe qui n’a pas toujours fait l’objet de suffisamment de recherches. C’est un travail éminemment recommandable, impudique, provocant et sérieux ».
GEERT JAN VAN GELDER - Professeur d’arabe émérite à l’université d’Oxford
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Mario Mieli
EPEL 2008 / ISBN n°978-2-908855 / 360 p. / 24 euros.
Traduction de l'italien : Massimo Prearo
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Mario Mieli (1952-1983) fut l’un des fondateurs du mouvement de libération homosexuelle Fuori ! et devint très vite la figure de référence du militantisme homosexuel italien. Sa thèse sur l’homosexualité masculine a été publiée en 1977, chez Einaudi (troisième édition en 2002 chez Feltrinelli).
Dans cet essai, Mieli témoigne de son propre vécu, ses désirs, ses fantasmes, ou encore, son séjour dans une clinique pour malades mentaux, convaincu que, pour être authentique, l’engagement politique se doit de faire exploser les frontières entre privé et public, entre le moi et l’autre.
Critique formulée d’un point de vue homosexuel et critique du point de vue homosexuel lui-même, le livre avance des propositions théoriques fondamentales, anticipant les travaux de Monique Wittig et de Judith Butler. La perspective d’un possible dépassement des catégories identitaires, de genre et d’orientation sexuelle, dans l’exercice performatif de la transsexualité, fait écho aux aspirations queer du présent, mais avec la fraîcheur et la pertinence propres aux esprits visionnaires.
Avec cette présente publication, le public francophone aura enfin accès à un témoignage crucial écrit dans le contexte politique sombre des «années de plomb» par un être aux multiples talents de philosophe, écrivain, dramaturge, poète et acteur, qui n’a peut-être d’égal qu’un Hocquenghem ou un Pasolini, figures de proue dont les temps présents sont singulièrement avares.
Leo Bersani
EPEL 2008 / ISBN n°978-2-908855 / 156 p. / 18 euros.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Châtelet.

Partant d’une déclaration de Mallarmé dans sa correspondance qui annonce sa propre mort, Leo Bersani explore dans cette courte étude le sens de cette disparition et ses conséquences sur le travail du vers. Il développe son enquête en trois temps : «L’homme meurt», «La poésie est enterrée» et enfin «Igitur, le poète écrit» en se fondant sur la lecture de l’œuvre mallarméenne, prose, poésie, textes dits de circonstance ou de commande, recueils, articles de journaux et correspondance. Soucieux de ne pas réitérer un certain type de commentaire qui vise à élucider l’écriture du poète comme si elle était insuffisante ou contournée, Bersani s’emploie à relever ce qui en elle, paradoxalement, décrit et suppose la mort de son auteur, la rendant du même coup possible.
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Juan Gil-Albert
EPEL 2008 / ISBN n°078-2-908855 / 160 p. / 19 euros.
Préface et traduction de l'espagnol : Annick Allaigre
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On doit à Juan Gil-Albert une œuvre considérable de poète, mais aussi de prosateur : essais, chroniques, mémoires et romans. Certains ont été traduits en français par Christophe Alain-Denis chez Actes Sud : Valentin, en 1987, ou encore Les Archanges en 1989.
Unique dans les lettres espagnoles, dérangeant dans son propos, Le style homosexuel, longtemps gardé par-devers soi, n’en était pas moins resté, encore en 1975 et au dire même de l’auteur, un ouvrage «scabreux». Gil-Albert lui-même fait état de son manque d’aménité.
L’homosexuel dépeint selon le modèle mythique du demi-dieu Héraclès est un homme libre, dont la solitude, traversée de rencontres, est radicale. On est ici aux antipodes de toute perspective d’une communauté gay, et le pari est tenu d’une position homosexuelle à la fois légitime et non tributaire d’une telle communauté.
Hyper-masculin, Héraclès permet à Gil-Albert d’envisager l’homosexualité hors toute référence féminisante et, suivant ce fil, de repenser la masculinité elle-même.
Très dense, d’une grande érudition, ce livre tend vers l’essai par sa rigueur argumentative, son souci de problématiser la question, tandis que son écriture ne se déprend jamais, même dans les moments les plus arides de la démonstration, de ses qualités poétiques. Inversement, la fiction y est porteuse de vérité. À la croisée des genres, entre fiction et traité, Le style homosexuel est l’œuvre, non d’un penseur qui écrit, mais d’un poète qui pense.
Mark Jordan
EPEL 2007 / ISBN n°2908855771 / 222 p. / 28 euros.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Guy Le Gaufey.
Pendant des siècles, rien ne laissait penser que les habitants de Sodome se livraient exclusivement à la sodomie : ils étaient « arrogants », manquaient aux « devoirs de l’hospitalité », vivaient dans la luxuria et la terrible vengeance divine s’était abattue sur eux.
Ce n’est qu’au xie siècle que se trouve monté en épingle le martyre de saint Pelage, jeune éphèbe captif décapité pour s’être refusé aux pressantes sollicitations d’Abd al-Rahmân III. La Chrétienté, dans sa lutte contre le maure, utilise l’événement pour donner forme narrative à un acte, un péché qui ne s’appelle pas encore « sodomie ». La première mention du terme apparaît en effet dans le Livre de Gomorrhe (sic), écrit aux alentours de 1050 par Pierre Damien. Cette invention lexicale désigne alors une kyrielle de péchés innommables qui tous, gaspillant la semence mâle, vont « contre nature ».
Lecteur de Pierre Damien, Alain de Lille, Albert le Grand, Thomas d’Aquin, Mark Jordan retrace ici l’histoire de ce concept, et surtout celle des incohérences et inconsistances que la doctrine morale chrétienne a tramées autour de ce terme satanique : seul péché de chair à être aussi péché contre l’Esprit, il ne peut être rédimé.
Se pourrait-il qu’un pli ait alors été pris dont ne se serait guère départie notre moderne sexualité ? Que sous couvert d’un sens tenu de nos jours pour techniquement précis continue de courir une somme millénaire de préjugés ?
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John J. Winkler
EPEL 2005 / ISBN n°2-90885559-3 / 448 p. / 44 euros.
Préface de David Halperin
Traduction Sandra Boehringer et Nadine Picard

Qu’y a-t-il de commun entre un rêve érotique, un jardin florissant, des gâteaux en forme de sexe, une poupée piquée d’épingles, un œuf caché dans les jacinthes et le linceul tissé par Pénélope ? Avec érudition et humour, John Winkler le montre : la construction et la définition des rapports de sexe et de genre se manifeste là, non seulement selon les normes de l’élite athénienne, mais aussi selon les pratiques populaires en Grèce ancienne.
De l’œuvre d’Homère et de la poésie de Sappho aux romans grecs, sans négliger des sources moins étudiées (textes médicaux, papyrus magiques, interprétations de rêves), Winkler entraîne son lecteur loin des interprétations consensuelles des textes canoniques – souvent ethnocentrées et androcentrées.
Winkler concilie avec éclat anthropologie, féminisme et philologie classique. Enquêtant dans un monde exotique – la Grèce ancienne, quoi qu’on en pense, nous est étrangère –, Winkler relève les indices et trace les contours de la cartographie politico-érotique des Anciens.
On accède alors à ce que masquait l’image idéale et figée d’une virilité dominante : il y eut une figure, celle du kinaidos, pour hanter cette virilité ; il y eut des femmes pour savoir jouer avec les normes et conquérir une autonomie ; il y eut des stratagèmes, des astuces, par où s’écrivaient, se vivaient d’autres formes du désir.
Né en 1943 à St. Louis (Missouri), John J. Winkler fut moine bénédictin avant d’entreprendre de brillantes études classiques à l’université du Texas, à Austin. Enseignant et chercheur à l’université de Yale puis de Stanford à partir 1979, il s’engagea dans les luttes féministes et gay. Il fut l’un des premiers, dans les années soixante-dix, à militer contre les pratiques de harcèlement sexuel dans les universités américaines.
Il est l’auteur de Auctor & Actor, de Constraints of Desire et a copublié Nothing to Do with Dionysos ?, avec Froma Zeitlin, ainsi que Before Sexuality, avec David Halperin et Froma Zeitlin.
John J. Winkler mourut du sida en 1990. La fondation John J. Winkler offre chaque année un prix à l’étudiant auteur du meilleur article dans un domaine inédit ou marginal des études classiques.
David Halperin
EPEL 2004 / ISBN n°2-908855-83- / 96 p. / 15 euros.
Traduction de l'anglais (États-Unis) Isabelle Châtelet

Dès 1977, le titre même d'un opuscule enjoignait d'oublier Foucault. D'une certaine façon, on s'y est appliqué, aux États-Unis notamment, où l'invocation devenue presque rituelle de son nom a pour effet de réduire sa pensée à une poignée d'idées reçues et de slogans aujourd'hui si courants qu'ils rendent parfaitement accessoire la lecture de ses textes.
Après Saint Foucault, David Halperin démonte ici l'un des principaux malentendus qui a contribué à effacer la radicalité de l'entreprise critique de La Volonté de savoir : imputer à Foucault – à rebours même de sa résistance à toute totalisation théorique – une théorie moderne de la sexualité et une prétention à dire enfin la vérité sur le sexe.
David Halperin discerne un nouveau « mode d’emploi » de l’oubli de Foucault à cette seule fin que chacun, désormais, puisse se dispenser d’en user.
Elisabeth Ladenson
EPEL 2004 / ISBN n°290885581X / 176 p. / 21 euros.
Préface d'Antoine Compagnon.
Traduction de l'anglais (États-Unis) Guy Le Gaufey.

Étant donné l’homosexualité patente de Marcel Proust, on a d’emblée voulu lire dans Albertine un Albert transposé en femme pour des raisons de convenance (puisque la sexualité du narrateur était engagée en ce point). Toute une théorie, dite « de la transposition », s’est alors échafaudée autour de cette idée, en s’acharnant à voir dans Gomorrhe et le lesbianisme présents dans l’ouvrage rien d’autre qu’une image inversée de Sodome et de l’homosexualité masculine, tenues pour seules essentielles. Dans son ouvrage, Elisabeth Ladenson s’attaque ouvertement à cette théorie, en montre les inconséquences, en dénonce les préjugés qui poussent à négliger bien des aspects de l’œuvre.
En mettant alors en relief certaines parties du texte souvent négligées – Mlle Vinteuil et son « amie », l’étrange sexualité de Morel (l’amant du Baron Charlus), la passion de la grand-mère et de la mère du narrateur pour les Lettres de Mme de Sévigné à sa fille, etc – Elisabeth Ladenson montre à quel point la posture du narrateur est déterminée par l’énigme de « ce que les femmes font entre elles », jusqu’à faire de cet inatteignable la tâche sans fin de la littérature.
Cette lecture singulière de cet élément du patrimoine culturel français que constitue désormais La Recherche est l’œuvre d’une jeune universitaire américaine qui se propose d’étudier comment le lesbianisme est devenu, vers la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, un élément régulier de la pornographie masculine mise en scène dans la littérature française. Le personnage de la lesbienne, de Baudelaire à Pierre Louys en passant par Proust et d’autres, possède alors un puissant attrait érotique pour les hommes (dans la mesure où ils peuvent s’imaginer prendre finalement le dessus), et se révèle être l’objet d’une frayeur sans nom dans la mesure où ils se sentent bannis de ce qui leur apparaît comme le lieu d’un plaisir inconnu. Cette donnée contradictoire n’est pas le seul apanage de la littérature : dans Goldfinger, le personnage féminin central – Pussy Galore – n’est autre qu’une butch agressive… qui finit par succomber aux charmes hyperphalliques de James Bond. Ainsi, au fil de son étude de l’entreprise romanesque proustienne, Elisabeth Ladenson explore ce qu’elle nomme dès son introduction le « syndrome Pussy Galore » : l’identité lesbienne peut-elle se déprendre aujourd’hui de l’image qu’en ont d’abord donnée, pour leur propre compte érotique, les hommes ?
Judith Butler
EPEL 2003 / 96 p. / 13 €.
Traduit de l'américain par Guy Le Gaufey.

Désormais reconnue pour ses travaux sur le genre (gender) et la sexuation, Judith Butler poursuit ici son questionnement en étudiant de très près l’Antigone de Sophocle. Faut-il continuer de réduire Antigone à ce que ses plus célèbres commentateurs en ont fait ? Tantôt une femme défendant les lois non écrites de la famille contre celles de l’État (Hegel), tantôt une fille se tenant à l’orée de l’ordre symbolique, choisissant le royaume de l’entre-deux-morts plutôt que la loi commune (Lacan) ? Son nom d’Anti-gonè (contre la génération) ne désigne-t-il pas le trouble qu’elle jette, tant par ses paroles que par ses actes, dans l’ordre de la famille hétéronormée et dans la répartition des genres sexués ? Aujourd’hui où la parentalité se détache en partie de la famille traditionnelle, Antigone ne serait-elle pas en mesure de nous livrer quelques clefs de ce chamboulement ?
Judith Butler, professeur en Sciences Humaines à l’Université Johns Hopkins, est aussi connue comme philosophe, critique et théoricienne. Auteur de Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity (Difficultés du genre: féminisme et subversion de l’identité.), elle a également co-dirigé la publication de Feminists Theorize the Political (Les féministes théorisent le politique). Elle a publié divers textes d’actualité sur la philosophie, la pornographie, le cinéma, les théories féministes et psychanalytique et les questions politiques liées au sexe et à la race.
Lynda Hart
EPEL 2003 / ISBN n° 2-908855-72 / 388 p. / 26 euros.
Traduit de l'américain par Annie Lévy-Leneveu

Lynda Hart enseignait l’anglais, les arts théâtraux, la littérature comparée et les études féministes à l’Université de Pennsylvanie. Elle meurt des suites d’un cancer, fin 2001, à quarante-sept ans.
Son activité dépassait le cadre académique. Elle participa à la recherche théâtrale de ces vingt dernières années et fut très engagée dans le mouvement lesbien auquel elle apporta une contribution reconnue et originale. Sa large culture littéraire, son intérêt pour la psychanalyse, son investissement politique dans le mouvement des femmes, ses affinités avec le sadomasochisme ont contribué à la création d’une écriture où témoigner de la pensée et de la vie va toujours avec son inverse, penser comme témoignage.
Hormis un nombre considérable d’articles et le présent ouvrage, Lynda Hart écrivit deux livres : Sam Shepard’s Metaphorical Stages (1987) ; Fatal Woman. Lesbian Sexuality and the Mark of Agression (1994).
RÉSUMÉ
La performance du sadomasochisme problématise la pratique sadomasochiste au sein des communautés lesbiennes. L’auteur y tente aussi de se situer dans cette pratique S/M qui ne lui est pas («pas toujours») extérieure. Pour quelle raison la lesbienne S/M est-elle assimilée à une figure extrême de l’altérité, subissant l’opprobre de ceux que dominent pensée patriarcale et pastorale romantique ?
Rapprochant le texte d’Anna Freud sur les fantasmes de fustigation d’une jeune fille et les romans à l’eau de rose, prenant l’exemple d’une nouvelle de Dorothy Allison (où la jeune héroïne se soutient de fantasmes sadomasochistes à mesure que la violence de son beau-père et l’abus sexuel se font plus impossibles), Lynda Hart interroge la nature même du fantasme. Freud n’a-t-il pas produit son étude princeps du fantasme avec «Un enfant est battu» ?
Qu’est-ce donc que l’identité ? un sujet ? une identification sexuelle ? le réel chez Lacan ? Une femme, identifiée femme, peut-elle agir des fantasmes sadomasochistes ? Quel est le statut du corps ? Un godemiché est-il un fétiche ? une prothèse ?
Lynda Hart s’intéresse aux performances S/M, en particulier à celles de Bob Flanagan, qui subvertit son destin de malade de la mucoviscidose dans ses spectacles. Confronter scène sadomasochiste et scène théâtrale pose à nouveaux frais la question de la représentation.
Elle récuse la pratique modélisée du «tout dire» dans la cure psychanalytique de femmes traumatisées par l’abus sexuel ou l’inceste Se trouvent ainsi interrogés la fonction de témoin, ses conditions d’exercice et, après la Shoah, le statut de «vérité» du témoignage.
Lorsque certaines femmes mettent en scène leurs fantasmes dans des jeux de pouvoir avec d’autres femmes engagées dans la même performance sadomasochiste, la présence de témoins participe à la construction de la conscience qu’elles acquièrent alors, d’elles-mêmes et d’autrui.
L’ouvrage s’ouvre avec une expérience personnelle de Lynda Hart déjouant les catégories faussement binaires de l’extérieur et de l’intérieur, du sujet et de l’altérité.
Pat Califia
EPEL 2003 / ISBN n°2908855755 / 384 p. / 24 euros.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Patrick Ythier.

Briser les préjugés est le travail de toute une vie. Récemment, j'ai eu une expérience très instructive. J'ai découvert qu'une de ces femmes que je côtoyais depuis longtemps était transgenre. Cette découverte me fit de la peine car j'aime croire que mon système «radar» repère aussi bien les trans que les gays. Elle n'avait pas l'intention de me mentir ; elle pensait que je le savais déjà. Étant donné tout ce que j'avais fait pour m'informer sur la transsexualité, j'ai pensé que cela ne ferait pas beaucoup de différence. Tout à coup, ses mains paraissaient trop grandes, son nez était bizarre et que dire de sa pomme d'Adam ? N'avait-elle pas une voix un peu grave pour une femme ? N'était-elle pas terriblement autoritaire, exactement comme un homme ? Et, mon dieu, que ses avant-bras étaient poilus !
Quand je me suis surprise à penser cela, j'ai ri, même s'il y avait un peu de tristesse dans mon rire. Il est très difficile d'éradiquer la transphobie.
Le genre n'est pas seulement un problème théorique ou politique. De tous les sujets «personnels donc politiques», celui-ci est le plus personnel de tous. La peur des transsexuels est chez chacun directement liée à la peur de son «moi» du sexe opposé.
Pat Califia
Jonathan Ned Katz
EPEL 2002 / ISBN n°918290885567 / 230 p. / 26 euros.
Traduction Michel Oliva, Éliane Sokol, Catherine Thévenet

Connu aux États-Unis pour son livre Gay American History, Jonathan Katz s’intéresse ici à l’hétérosexualité. Pour cela, il convoque les experts en matière de sexologie qui ont établi la distinction homosexuel/hétérosexuel.
Krafft-Ebing
Le créateur du terme «hétéro-sexuel» s’appelle Krafft-Ebing. Professeur de psychiatrie, il fait une carrière d’expert auprès des tribunaux allemands et rédige une encyclopédie sur les perversions : Psychopathia sexualis. En décrivant minutieusement le comportement sexuel «pathologique», il plaide pour une nouvelle conception de l’instinct sexuel sain : «une attirance érotique et procréatrice innée pour l’autre sexe».
Le terme hétérosexuel arrive en Amérique en 1893 par le biais d’un article «Responsability in Sexual Perversion» écrit par le docteur Kiernan, qui lisant mal la Psychopathia sexualis, en fait une perversion assimilée à l’hermaphrodisme psychique. Selon lui, hétérosexuel désigne des personnes attirées par les deux sexes et «qui ont des méthodes anormales pour parvenir à la satisfaction sexuelle». Ensuite le terme évoluera pour désigner une pratique érotique excluant la procréation, grave faute pour la très nataliste Amérique du XIXe siècle dirigée par des Victoriens.
Freud
L’expert suivant, champion de «La mystique hétérosexuelle», – titre du chapitre 4 de Katz – est Freud. Comme Krafft-Ebing, il est fasciné par le pathologique et ne désigne l’hétérosexuel (cité 29 fois dans son oeuvre) que par référence à l’homosexuel (cité 316 fois). En 1905, dans les Trois essais sur la sexualité, le terme hétérosexuel apparaît pour la première fois, dans le chapitre sur les aberrations sexuelles où «la fixation de l’inversion» peut provenir, entre autres choses, «des dangers des rapports hétérosexuels» – sans doute s’agit-il des maladies vénériennes.
Katz reprend minutieusement l’analyse d’un cas des Cinq psychanalyses, Dora, pour démontrer que «Freud apparaît comme maître de la construction de la norme hétérosexuelle». Il dénonce «son a priori hétérosexuel» à l’égard de cette jeune hystérique qui a fini par lui claquer la porte au nez même si, dans l’après coup, Freud reconnaît avoir «omis de deviner à temps et de communiquer à la malade» que son «amour homosexuel pour Mme K. était sa tendance psychique la plus forte».
Freud introduit deux changements importants par rapport à son prédécesseur :
1) Affirmation du principe de plaisir (en opposition avec le modèle procréateur antérieur).
2) L’hétérosexuel ne désigne pas seulement une activité, un comportement, un acte (champ des perversions) mais une disposition mentale, une émotion, une variété de pulsion.
De plus, la répétition inlassable de «normal», et de «rapports normaux» dans un contexte hétérosexuel finit par faire équivaloir l’hétérosexualité à l’érotique «normale», celle de la classe moyenne montante.
Havelock Ellis
Le troisième expert convoqué est un médecin-sexologue américain, Havelock Ellis, promoteur de «l’amour sexuel normal» et dénonciateur des méfaits de la religion chrétienne. Opposé à Freud quant à l’origine de l’hétérosexualité qui serait physiologique et innée et non pas familiale, il participe, lui aussi, à l’installation de la nouvelle norme érotique auprès d’un public progressiste. D’ailleurs le mot fait «son coming out» – titre du chapitre 5 – en 1923 dans le très officiel dictionnaire américain Merriam Webster – soit quatre ans après le terme homosexuel. Il s’agit d’une «passion sexuelle morbide pour une personne du sexe opposé». En 1934, le Merriam webster corrige : «manifestation de la passion sexuelle pour une personne du sexe opposé, c’est-à-dire la sexualité normale». Si cet équivalent du Larousse reflète les mentalités, on peut affirmer que l’hétérosexualité a alors obtenu son statut de norme érotique. Quant à l’homosexualité, elle devient «une attirance érotique pour une personne du même sexe». Voilà comment les deux termes ont migré, la même année, du discours médical dans la langue américaine courante.
Kinsey
L’expert suivant, Kinsey, renforcera la validité de ces deux critères qui répartissent les pratiques érotiques dans une société en leur attribuant une échelle d’évaluation de zéro à six. Précise et quantitative, cette échelle donna l’impression d’être scientifique dans l’esprit du public et conforta la dichotomie.
Les contre-experts
Arrivent ensuite les contre-experts opposés à cette distinction en la personne d’écrivains comme Baldwin, de féministes – chapitre 6 et 7 – comme Betty Friedan, Adrienne Rich, Ti-Grace Atkinson qui dans son Amazon Odyssey, par exemple, nuance l’affirmation révolutionnaire du principe de plaisir en critiquant la théorie freudienne de l’orgasme vaginal, manière subtile de contraindre les femmes à la procréation.
Et surtout Kate Millet qui dénonce le «système de caste hétérosexuelle» corrélée à la suprématie masculine. Katz rappelle qu’elle est la première à prôner «la déconstruction de la bipartition mâle/femelle, masculin/féminin et hétéro/homo, cette tâche étant liée à l’abolition des distinctions blanc/noir, capitaliste/ouvrier et à d’autres changements révolutionnaires».
Avec Gayle Rubin (Traffic in women), Katz remet en question «le préjugé d’une hétérosexualité féminine primordiale» puisque Freud lui-même a montré que «le premier amour de la petite fille s’adresse à une femme, sa mère». Il rapporte aussi les recherches des féministes lesbiennes comme Nancy Myron, Charlotte Bunch, Adrienne Rich et Monique Wittig.
Foucault
Enfin il accorde une place importante aux thèses du premier des contre-experts, Michel Foucault, qu’il considère comme le chef de file des études gays et lesbiennes tout en remarquant qu’il ne s’était pas beaucoup intéressé aux travaux des féministes. Partant d’un chapitre précis de son Histoire de la sexualité, «l’implantation perverse», Katz veut maintenant questionner ce qu’il nomme «l’implantation normale». Pour cela il rappelle une thèse centrale de Foucault : «d’une loi externe imposée par la communauté, c’est-à-dire la procréation dans le mariage, on est passé à une norme interne, auto-contrôlée, définissant l’expérience sexuelle correcte». Cette mise en place de «la monogamie hétérosexuelle» daterait des années 1700/1800 avec l’avènement de la classe moyenne. Si Katz partage avec Foucault l’idée de construction historique de l’hétérosexualité, il lui reproche néanmoins de ne pas s’y être intéressé pour elle-même et d’être passé par le détour de l’homosexualité comme les médecins du siècle passé.
Katz termine son livre en soulignant que la diminution de l’ «écart entre les genres masculin et féminin» entraînera une «convergence entre l’hétérosexualité et l’homosexualité». Cette convergence est, de plus, favorisée par l’éthique du plaisir et le consumérisme qui remplacent peu à peu l’importance accordée au travail, à la production et à la procréation. Et si la culture dominante de la classe moyenne est amenée à attacher plus d’importance à la satisfaction sexuelle et au plaisir, il devient difficile de préserver le mariage hétérosexuel comme le seul domaine légitime d’expression sexuelle. De plus, si les «hétéros ne sont pas au-dessus des homos dans une hiérarchie sociale des plaisirs supérieurs et inférieurs», il n’y a plus de raison de maintenir la division homo/hétéro. Construite par les premiers aliénistes sous la pression des réformateurs de la loi allemande sur la «fornication non naturelle», elle pourrait être «déconstruite» au XXIe siècle par la quête d’«un nouveau système de plaisir» (titre du dernier chapitre, le 8) fondé sur la recherche du bonheur de tous les individus.
Gayle Rubin / Judith Butler
EPEL 2002 / ISBN n° 2908855682 / 178 p. / 23 euros.
Grands classiques de l'érotologie moderne,
traduction Éliane Sokol, Flora Bolter
Format 13,5x20,5.
Parution février 2002.

Aucun amateur de cuisine épicée ne se verra privé de liberté, ou victime d'ostracisme pour avoir satisfait ses papilles gustatives. En revanche, on peut être jeté en prison pour trop aimer les chaussures en cuir. De même, l'homosexualité, le sida, la pornographie, le transsexualisme, et aujourd'hui la pédophilie, donnent lieu à ce que Gayle Rubin appelle une panique sexuelle.
Chaque panique désigne une minorité sexuelle, comme population-cible. Au terme du processus, celle-ci se trouve décimée, et la société tout entière, juridiquement et socialement, réorganisée.
Pour traiter de cette question Gayle Rubin a jeté les bases d'un champ autonome d'études sur le sexe où désir, jouissance et diversité érotique, pourraient trouver leur raison théorique et politique. Nous sommes loin ici du communautarisme béat qu'on prête parfois en France aux intellectuels américains. Les critiques de Judith Butler sont vives : "les lesbiennes n'ont rien d'autre en commun que leur expérience du sexisme et de l'homophobie", ou ses réserves sur le coming-out : "La sexualité reste-t-elle sexualité quand elle est soumise à un critère de transparence et de révélation ? Une quelconque sexualité serait-elle possible sans cette opacité qui a pour nom inconscient ,"
Gayle Rubin et Judith Butler soulignent constamment la nécessité de ne pas troquer une violence contre une autre, une démonologie religieuse contre une démonologie laïque, laissant sa chance à l'érotologie moderne.
David M. Halperin
EPEL 2000 / ISBN n°290885550X / 317 p. / 22 euros.
Traduction Isabelle Châtelet

" Homosexualité ", " hétérosexualité " sont des inventions récentes qui échouent à rendre compte de la vie érotique des Grecs anciens.
Prenant la suite de Foucault, David Halperin se demande comment la constitution des sujets sexuels était liée aux formes sociales du pouvoir et du savoir.
Il prouve que les discours des Grecs sur l'erôs et l'expérience qu'ils en ont transforment les idées que nous nous faisons sur le sexe et sur notre propre culture.
Vernon A. Rosario
EPEL 2000 / ISBN n°2908855496 / 304 p. / 20 euros.
Traduction Guy Le Gaufey

Le " pervers " est une invention récente. Seule la psychiatrie du xixe siècle parvint à en faire un personnage nouveau. Elle le put grâce à l'inverti : " âme féminine dans un corps d'homme ". Les médecins (Charcot, Magnan, Morel, Sérieux…) écrivent leurs récits de cas comme des romanciers ; les romanciers (Huysmans, Zola, Flaubert) s'alimentent aux comptes-rendus des revues.
Rosario entraîne son lecteur dans une efflorescence de pathologies hautes en couleurs, au regard de laquelle seule la sexualité conjugale et reproductrice survit comme norme.
David M. Halperin
EPEL 2000 / ISBN n°2908855518 / 160 p. / 14 euros.
Traduction Didier Éribon

La pensée de Foucault, marquée par une inébranlable volonté de résister aux normes, peut servir de modèle théorique au mouvement gay. Loin de vouloir construire une " identité gay ", il s'agit plutôt d'inventer de nouvelles positions à l'écart de la normalité et de l'hétéronormativité. La vision foucaldienne radicale de l'homosexualité en tant qu'occasion historique de rouvrir des virtualités relationnelles et affectives anticipe la paradoxale politique queer : une identité sexuelle qui s'effectue comme un décalage par rapport à toute visée identificatrice.
Halperin propose le premier compte-rendu synthétique de la pensée de Foucault concernant la sexualité gay et l'avenir du mouvement lesbien et gay, en même temps qu'un résumé des plus récents travaux de la queer théorie.
