Pour les gens qui ne connaissent pas la linguistique, quand Lacan fait allusion à un linguiste qui en a plein la bouche de la double articulation, il parle d’André Martinet. Et oui, la double articulation, ça tient en chinois, ce que Lacan fait là, toute mauvaise foi dehors, c’est de feindre de confondre le phonème et la syllabe. La plupart des mots en chinois sont monosyllabiques, ce qui ne veut pas dire que tout phonème (plus petite unité distinctive de sens) fait monème (plus petite unité porteuse de sens) sous prétexte qu’il s’agit du chinois. L’existence du chinois n’invalide pas la linguistique fonctionnaliste, qui pose d’autres problèmes théoriques…
Toute la diatribe anti-linguistique du séminaire 18 n’est absolument pas étayée, mais a, à mon avis, une fonction purement interne au développement de la pensée de Lacan, qui est de se détacher de la linguistique structuraliste, particulièrement solide pour la description phonologique, jadis et aujourd’hui, dont il a fait, sur un mode un peu scientiste, le socle de l’étude « scientifique » de l’inconscient, dans un enthousiasme peut-être un peu rapide.
une des grande faiblesse des psychanalystes lacaniens ne s’informant de linguistique que par les fascinations successives de lacan, par ailleurs largement incompatibles entre elles au niveau conceptuel, c’est d’ignorer à peu près complètement les fondements épistémologiques de la linguistique et ses développements théoriques post-structuralistes. Rien de plus irréconciliables que les approches de Martinet, Jacobson, Benveniste, toutes dans un certain écart par rapport à Saussure, qui est encore un néo-grammairien annonçant un tournant épistémologique majeur.
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