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Document du lundi 13 avril 2009
Article mis à jour le 14 avril 2015
par  P. Valas

Passe et mystique, un étrange voisinage

Quels liens de structure entre la mystique et l’expérience de la passe de l’analysant à l’analyste ?

En réponse à...

vendredi 29 avril 2011 à 14h01 - par  Daniel DEMEY

D’abord un petit merci que cela puisse se dire ; il le faut bien, ne pas rester seul avec ça. Même si cela paraît contradictoire, puisque ça doit rester « seul », puisque ça reste seul. Mais nous sommes là avec ce besoin de partager le manque et de le fomenter dans ce qui ne parviendra jamais à être dit. Il y a un reste, pourtant, un reste dont témoigne que ça se dise encore, que ça s’écrive peut-être ici. Merci P.Valas pour cet espace.

Et Dieu dans tout ça ?¤
Où il est question d’une lettre, d’une lettre d’amour, de ce genre de lettre -inspirée en vous, du souffle, inhalée-qui seule vous met à la page de l’écriture, de cet objet de transmission d’un impossible à dire, qui un moment rempli.

Contribution à la question autour de « Passe et mystique »

¤(est le titre d’une émission à la rtbf )

"…Parler d’amour, on ne fait que ça dans le discours analytique (…) c’est que parler d’amour est en soi une jouissance. Cela se confirme assurément de cet effet, effet tangible, que dire n’importe quoi-consigne même du discours de l’analysant- est ce qui mène au lustprinzip, ce qui y mène de la façon la plus directe, sans avoir aucun besoin de cette accession aux sphères supérieures qui est au fondement de l’éthique aristotélicienne.
Le lustprinzip en effet, ne se fonde que de la coalescence du a avec le S(Abarré)
A est barré par nous, bien sûr. Cela ne veut pas dire qu’il suffise de le barrer pour que rien n’en existe. Si de ce S(Abarré) je ne désigne rien d’autre que la jouissance de la femme, c’est assurément parce que c’est là que je pointe que Dieu n’a pas encore fait son exit". Encore pg 77-78

Parler d’amour, discours analytique, jouissance, discours de l’analysant, n’importe quoi, lustprinzip, coalescence du a avec le S(Abarré),,jouissance de la femme, Dieu qui n’a pas fait son exit !
Voilà l’extraordinaire enchaînement des signifiants qui nous mène dans ce cadre analytique avec ses deux acteurs plus un, du n’importe quoi de ce que dit l’analysant à Dieu qui ne serait pas mort mais vivant au corps de l’amour de transfert, dans une présence de l’autre jouissance.
Extimité du lien, de la réjouissance…parce que Dieu n’est jamais là, ne reste pas, est toujours fuyant. « Je t’approche et tu me tends ton doigt, juste ton doigt de création » par lequel, tuché, ce « je » qui ne sait rien de ce qu’il avance, avance quand même, s’avance à dire en trébuchements. Tuché, par lequel « je » me tiens au fil étroit liminaire de la parole. avec lequel, fil, et fille de joie, se tisse le monde. Aussi, « Dieu », ce ti-sse-rand, dont le métier est de tenir son rôle, s’efface-t-il, toujours, en ce moment de croire que tu l’aurais atteint, ou qu’il t’aurait atteint. Extimité de cet amour, de cette rencontre, de cette jouissance.
D’où ose-t-on encore ce jour parler de DIEU quand on naît dans cette modernité avec le feu révolutionnaire entre les mains ? entre les dents ? au bout des poings ?
Au sein de la scène psychanalytique, du théâtre de la disparition de ce qui est vain. La psychanalyse ose parler de Dieu même s’il n’ex-iste pas, même si jamais, au grand jamais il n’a été et ne sera… sinon comme ça, comme là, dans ce lieu-là qui l’inter-dit : extimité dans le bien dire. « Je t’aime, moi non plus, et jamais nous ne nous toucherons… »
Qu’on dise ce que l’on veut… il est là, il vit ; et en ce lieu, donné des hommes, ça touche à la structure… ça fait refondation.

La scène de l’analyse nous apprend quoi ? Que cette fréquentation d’un « dieu qui ne serait pas mort » ex-iste au sein du processus analytique, que « le tour » de l’analyste -ce « tour », de « vilain farceur » qu’il est, de la feinte, d’une mé-prise, ou d’une dé-prise du sujet qu’il tient, c’est ce comme sur quoi le potier sinon crée, du moins produit, ouvre cet espace de l’inconscient, du plus profond désir.
Il le fait autour d’un creux auquel il donne de ses mains la forme pour accueillir le dire, le bien dire de l’analysant.
Il le fait afin que cette fréquentation puisse consister à donner une forme à l’amour qui parfois vient… alors, oui, je suis, je suis « Jésus, Marie et tous les saints » à la mamelle de mon désir : je vis.

Et je peux rendre gloire : la passe.

Bonjour la passe. Bienvenue la passe.
Nous y sommes seuls ; et pour en témoigner, nous le disons seuls dans certains moments. Seul avec ce « Dieu », avec cet Autre d’extimité…comme dans la prière, cette prière de Thérèse d’Avila, Angélus Silésius, Angèle de Foligno, de Saint Jean de la Croix… d’un aumônier de prison avec un meurtrier…
Et nul autre ne pourrait en prendre un morceau… à chacun sa part, de découvrir, de garder son trésor.
En aparté avec tous.

Aucun lieu ne peut se dresser comme mur sur lequel vous viendriez mettre des lettres, les mots d’une lettre maladroite,ou comme tableau d’écriture d’un texte, pour venir dénaturer ce qui est votre passe, votre jouissance dé-prise avec ce Dieu. Et même, si quelques voudraient l’entendre, et vous faire dire à ce sujet plus que vous ne pourriez en traduire, c’est quelque part une sorte d’injure et de blessure, comme une profanation à ce rapport qu’il vous a été donné dans la cure, entre le ou la psychanalyste et vous, de vous y mettre, de vous trouver et hop, l’instant suivant déjà de vous avoir perdu.

La langue controverse ce que vous fait la passe.
Aussi, la passe est d’abord un lieu. Elle n’est à concevoir que dans ce lieu, que comme ce lieu de la cure, comme la passe « mystique », de ce qui s’y passe d’indicible, à propos de laquelle seul en face de l’Autre, quand vous aurez franchi la porte, il vaudrait mieux peut-être savoir se taire.
Que la psychanalyse ne puisse comprendre…entendre cela ?
« Je » détruirais ce que « nous » avons produit : objet a.

Je crois en cette passe mystique.
Qui étrangle l’institué de l’Autre.
Je ne demande rien. A ce sujet.
Que de marcher sur du vide, ou bien sur l’eau.
La contrainte d’une explication est une forfaiture.
Accueillez, ne demandez pas.

C’est là que nous sommes institutionnellement coincés…où quelque chose doit bien un jour changer. Le risque d’un inaudible serait-il à courir ? Pour le sainthomme, il ne pourrait être trahi ; sa solitude serait martyr. Le sinthome lui, il dit : accueillir, recevoir dans l’insu. L’institution est d’abord une adresse, comme un lieu générique où le désir de l’analyste est appelé. A lui d’y aller, à l’Autre de l’accueillir.

La passe alors, une tranche de vie, une tranche d’analyse. Rien d’autre. Et quand cela est fait. Effet de passe, puits de retour.L’analyste se supporte de s’interroger sans fin.

Daniel DEMEY

29 avril 2011

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