Patrick Valas essai, sexuation et discours avec Lacan


Document du jeudi 25 septembre 2014

par  P. Valas
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Patrick Valas essai , sexuation et discours avec Lacan

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patrick Valas essai, sexuation et discours avec Lacan

Sexuation et discours.
« Le savoir s’invente », disait Lacan et la seule chose qu’il revendique avoir inventé est l’objet petit a.
Il est déjà là dans le stade du Miroir, dans le graphe du désir, dans la théorie des 4 discours, peut-être aussi dans les formules de la sexuation, et enfin il le loge au centre du nœud borroméen - nouvelle écriture qui ne vient pas du signifiant ni de la lettre.
Comme on lui en a posé la question, il répondait que si on pouvait brancher les formules de la sexuation, sur celle du discours analytique ce développement permettrait peut-être de mieux comprendre pourquoi dans une école (la sienne à l’occasion) :
L’analyste ne s’autorisant que de lui-même, il ne pouvait par là que s’autoriser d’autres aussi, mais pas le contraire, sinon ce serait le retour à l’ornière du nommé à.
En effet Lacan formule en 1974, après sa proposition de 1967 que : « l’être sexué ne s’autorisent que de lui-même, et de quelques autres », ces autres n’étant pas le grand Autre mais des sujets réels, ses parents qui lui ont appris à parler.
Il y a un juste-dire qui ex-siste aux formules de la sexuation, produite en 1970, confirmant qu’il est vrai et réel de structure que ce choix de l’identité sexuée se détermine de cette façon.
On n’avait pas attendu Lacan, pour qu’il en soit ainsi mais ce juste-dire, comme il le précise, rend cette nomination plus adéquate.

Ceux qui ne se veulent ni d’un côté, ni de l’autre étaient nommés auparavant sodomites, alors qu’aujourd’hui il en est autrement.
Il en est de même, à partir de l’articulation du Discours Analytique. 

De ce fait on peut dire, qu’il y a du psychanalyste - et que ce serait une visée hystérique que de se contenter de dire qu’il y en a au-moins-un.
On a déjà vu ce que pouvait donner l’idée de l’au-moins-un à le lire proféré par un hystérique parfait. Cela nous a appris que l’enseignement peut faire obstacle à l’acquisition du savoir, et que ce qui s’écrit par l’analyste, peut ne rien avoir à faire avec ce que dit l’analysant.
Ce qui s’écrit des formules de la sexuation, d’un dire que « l’être sexué ne s’autorise que de lui-même et de quelques autres » selon Lacan, ça équilibre son autre dire : « que l’analyste qui de lui-même s’autorisant, ne peut le faire qu’à s’autoriser d’autres aussi ».
Il souligne que sa nomination en devient plus vraie, plus juste, plus réelle pour des raisons de structure.
C’est-à-dire que ça prouverait que la psychanalyse n’est pas un autisme à deux, parce que ça fait lien social dans le groupe analytique, par la série des un par un qui constitue un ensemble d’épars désassortis.
Autrement dit transmission, alors que jusqu’à présent il est patent qu’elle ne perdure, ce qui n’est pas à négliger, que par ceux qui un par un la pratique en la réinventant, chacun pour soi pourrait-on dire, ce qui relève d’une transmission orale, plutôt que par les écrits.
Cela ne devrait nous interroger, puisque tous les dispositifs d’école sont des dispositifs de parole (voire ce qu’il dit à France-Culture en juillet 74). 

Lacan pour ce qui concerne la transmission de la psychanalyse était très pessimiste, faisant le constat, dès 1972 de l’échec de la passe, ajoutant aussi que dans sa suite on ne parlerait plus de l’analyste ( Genève en 1975) et enfin que la psychanalyse est intransmissible en 1978.
En effet il n’y a pas que l’autisme à deux qui guette, il y a aussi, comme l’évoque l’intitulé ternaire de ces journées, symptôme, inconscient, affect, qui est en quelque sorte un « pousse-à-l’autisme », possible à la sortie, pour autant que :
L’Un parle tout seul recevant de l’Autre son message sous une forme inversée, c’est le symptôme comme réponse à l’Autre barré (après qui nous aboyons et qui ne répond jamais) se nouant à l’inconscient comme étant le réel dont nous sommes affligés.
Il en résulte que le parlêtre ne fait l’amour qu’avec son inconscient, sauf à l’occasion rare d’une bonne rencontre, pour faire l’amour dont il est affecté avec sa partenaire sexuée, pour des raisons de résonances réciproques de leur propre savoir inconscient.
S’agissant des résultats d’une analyse Lacan était très modeste.
Il disait qu’à la fin d’une analyse parfois le sujet arrivait à baiser à peu près convenablement avec sa chacune - pour m’en tenir aujourd’hui à ceux qui auraient fait ce choix de leur identité sexuée.
Je me propose de brancher les formules de sexuation sur le nœud borroméen, en passant par la structure quadripartite qui est depuis l’inconscient toujours exigible dans la construction d’une ordonnance subjective (Kant avec Sade, Écrits, p. 771). 

Cette structure on la retrouve dans toutes les constructions de Lacan, même pour le nœud borroméen.
La structure réelle, se disperserait en poussière de tore, si elle n’était pas nouée par le symbolique, c’est-à-dire la lettre ne faisant pas chaîne, au corps défini comme substance jouissante. 


Ce serait donc une bonne façon que d’interroger le réel à partir de la jouissance, pour savoir ce que le réel répond (Je rappelle ici que Lacan disait : Le réel est ma réponse sinthomatique à Freud).


Après quoi, on s’efforcera de distinguer le réel de la jouissance, de la jouissance du réel, car en effet :
Le réel qui brûle, celui du symptôme, n’est qu’un masque du réel, alors que le réel est un feu froid.
Jouir de ce réel, Lacan à l’époque le réservait aux seuls mathématiciens, indiquant par là que le réel est à cerner comme eux par l’écrit, la lettre, plutôt que par le nombre seulement. 
Mais il doutait un peu de cette voie mathématique, d’où sa question restée sans réponse :
Est-ce que la mathématique est un symptôme ?
J’emprunte ici une voie d’approche initiée par Lacan pour trancher ce qui précède (elle se trouve dans sa leçon du 14 mai 1974 dans son séminaire Les non-dupes-errent).
Pour lui le nœud borroméen serre, au sens de serrage, le réel de ce que nous repérons dans la pratique comme expérience de l’imaginaire et du symbolique dans leur rapport au réel.
Mis à plat, le nœud borroméen, qui n’existe pas dans la nature, ni dans le corps est un mode d’écriture nouvelle. 

Ce réel du nœud, n’est pas le troisième, avec l’imaginaire et le symbolique, ça fait 3 et rien de plus.
Il est bien réel ce nœud, puisqu’à couper l’un quelconque des 3 ronds, le nœud disparaît.


Alors sa structure quadripartite, à la noix, comme le dit Lacan, il l’a extraite d’une pratique qui non seulement n’opère que de la parole, mais qui ne se spécifie que cela.
Cette pratique est fondée sur un pathétique, donc un réel et l’on y intervient par un acte de dire.
Ce qui confirme bien qu’il y a là un lien entre la parole et le sexe, c’est la jouissance qui se définit comme le rapport dérangé du sujet à son corps. 

Lacan souligne plusieurs fois que la parole c’est le rapport sexuel. Ce rapport lui ne peut pas s’écrire d’où cette faille entre la parole et l’écrit, mais cette faille peut-être cernée, par le biais de la consistance logique de objet a par exemple.
Nous sommes là au joint où s’articule le savoir dans le réel qui fait trou, en se logeant au cœur de l’ex-sistence insistant du dehors.
Le savoir dans le réel n’ont pas providentiel comme le disent la science ou la religion, comme si un sujet monumental pouvait l’assumer comme harmonique.
Non ce savoir dans le réel est dramatique, quelque chose qui part d’un défaut de l’être, d’une dysharmonie entre la pensée et le monde.
Si la vérité s’inscrit dans le symbolique, un juste-dire doit s’assurer d’une écriture.
Lacan produisant une nouvelle écriture, comment articuler sa structure quadripartite sur le nœud borroméen ?
Par une série de manipulations sur le nœud borroméen en 1974, Lacan y inscrit un tétraèdre régulier, à orientation lévogyre – à l’instar du tétraèdre orienté lévogyre, s’articulant à partir de la fonction de la parole, ce qu’il en est de sa structure des 4 discours.
Il l’a fait dans le séminaire …Ou pire.
Il place sur un des sommets de ce tétraèdre une de ses formules de la sexuation. 

Je n’ai trouvé ça dans aucune des transcriptions accessibles des séminaires de cette époque, mais comme j’étais présent, séminariste attentif et assidu, je l’ai alors noté.
À partir de là, il est légitime de loger les autres formules sur les autres sommets du tétraèdre en respectant l’orientation du tétraèdre du discours analytique originaire dont il est sorti.
Cela peut permettre d’en faire une nouvelle lecture, ainsi que des autres discours, puisque nous y introduisons les di(t)mensions de la jouissance.
Ce serait en quelque sorte faire de la théorie des 4 discours, une théorie des jouissances.

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1/ Ça donne pour le sujet barré ($) : tout x, phi x.
Le possible, ça peut cesser de s’écrire.
Par refoulement ou forclusion, parce que entre le parlanalysant (j’en fais un néologisme, j’ai quand même bien le droit) et la cause de son désir petit a il y a une faille.
La faille justement évoquée précédemment entre la parole et l’écrit.
C’est par l’acte analytique qu’un frayage nouveau peut se produire de la parole.
2/ Du parler, comme psychanalystes peut-être en sommes-nous le seul refuge dans notre monde, du parler et du fait de l’interprétation qui fait coupure, trait participant de l’écriture, peut advenir la contingence d’un dire que pas-tout x phi x, pour lequel ça peut cesser de ne pas s’écrire.
D’où ça s’origine ?
C’est indémontrable, et indécidable.

3/ De l’impossible, ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire, pas de x pour dire non à phi x.
Soit le trou d’un savoir dans le réel, sans sujet, où se nouent le sinthome comme réel à l’inconscient réel.
Ce trou inviolable, celui du refoulement originaire qui n’est jamais levé, on peut cependant le cerner, sinon le déchiffrer comme l’inconscient structuré comme un langage. 
S2, Le savoir inconscient est à double entrée, on peut l’écrire :
Ou bien comme une série infinie de signifiant en chaine, s(S1, S2,S3,S4,Sn), c’est l’inconscient structuré comme un langage.
En tant que supposé on ne sait pas s’il est réel ou imaginaire.
Ou bien de le saisir l’esp d’un laps dans les Unbewust que l’on fait sans cesse, en parlant ou en rêvant, comme le précise Lacan.
Il propose de l’écrire comme un essaim bourdonnant de lettres dans le réel qui ne font pas chaine, (S1(S1(S1(S1(S1—àS2))))))), mais dépôt d’un savoir dans le réel.
4/ Dans l’analyse on peut en saisir quelques bribes, dans ce qui s’en produit, des S1 qui ne cessent pas de s’écrire, mais dont le lien avec ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire, du savoir dans le réel est impossible à faire. 


J’imagine, donc j’invente, puisque le DA permet d’éclairer le sens des autres discours, en
situant, mais est-ce pertinent ?

- En place de semblant, ou d’agent ou de désir, le contingent : ce qui peut cesser de ne pas s’écrire.

  • En place de L’Autre (Savoir, Jouissance, Travail), le possible : ce qui peut cesser de s’écrire.
  • En place du produit (plus-de-jouir, perte), le nécessaire : ce qui ne cesse pas de s’écrire.
  • En place de vérité, l’impossible comme réel : ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire.
    Dans le groupe qui est réel, nos liens de discours ne se réduisent pas au DA.
    En donnant aux autres discours une extension avec les formules de la sexuation cela pourrait peut-être permettre de faire une lecture nouvelle, avec la topologie des mathèmes, du lien social entre les épars désassortis, dont bénéficieraient les parlêtres, que nous sommes, soit des individus qui ont un corps, un nom, un inconscient, une histoire, chacun avec sa jouissance spécifique de la vie.
    Je ne sais pas où ça mène, sinon peut-être à quelques indications sur le désir de savoir venant toujours du groupe.
    De toutes façon comme rien ne mène nulle part, autant choisir la pérégrination.
    Patrick Valas 1e décembre 2012

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